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Lorenzetti: ‘Rester calme, travailler et maintenir le cap’

PUBLIÉ LE 16/12/2011

Alors que le Racing traverse une passe difficile, son président Jacky Lorenzetti a tenu à rappeler le sens de son engagement auprès du club Ciel et Blanc. Un message fort du Capitaine d’un bateau qui affronte des mers houleuses.

Président, le club traverse une passe difficile après l’élimination en HCup. Comment analysez-vous cette situation?

Jacky Lorenzetti: Depuis cinq ans, le club progresse étape par étape. Finale de Pro D2, montée en Top14, quart de finale, demi-finale. Je savais, et Pierre également, qu’à un moment nous subirions une phase de stagnation. Pour être honnête, je ne l’avais pas programmée cette saison. Cela nous oblige à encore plus d’humilité. Dont acte. Il n’y a qu’un seul moyen de s’en sortir: travailler, travailler et travailler.

Les supporters sont préoccupés, certains demandent même à ce que Pierre Berbizier soit démis de ses fonctions. Quel message voulez-vous leur faire passer?

J. L. : Je comprends leur déception. Moi-même, je ne vis pas très bien les mauvais résultats du club en ce moment. Le déséquilibre de l’effectif dès le début de saison avec la Coupe du Monde, et la succession de blessures dont nous sommes toujours victimes aujourd’hui ne nous aide pas. Nous n’avons toujours pas récupéré certains des joueurs cadres de la saison dernière – Lo Cicero, Sa, Steyn, VuliVuli, Bergamasco, Fall – et certaines de nos recrues, comme Estebanez, Boussès, Dumoulin sont elles aussi indisponibles. Certains joueurs reviennent tout juste comme Hernandez, Chabal, Van der Merwe, Dellapé et Galindo. Par contre, il n’est pas question pour moi de me séparer de Pierre. Nous travaillons ensemble sur un projet à long terme. Nous sommes en parfait accord sur la manière de procéder aujourd’hui, et sur les choses à faire pour sortir de cette mauvaise passe. Je suis sensible à l’impatience manifestée par les supporters, mais Pierre et moi nous inscrivons sur ce projet à long terme. Il n’est pas question de céder àla panique. Tout club de haut niveau connaît des passages difficiles. Biarritz, Montpellier ou Perpignan ne sont pas mieux lotis que nous. C’est justement dans ces moments-là qu’il faut rester calme, humble et maintenir le cap. En revanche, je veux remercier les supporters et les partenaires pour leur soutien sans faille, notamment pendant la dernière rencontre à Colombes (défaite face aux London Irish, 14-34). Je les remercie d’avoir continué à soutenir nos joueurs malgré une deuxième période compliquée. Nous avons besoin d’eux, surtout en ce moment, et c’est avec eux que nous parviendrons à remplir nos objectifs cette saison.

Quels sont-ils aujourd’hui, alors que la HCup est terminée?

J. L. : Certes, la Coupe d’Europe est terminée pour nous. Mais il nous reste le championnat et notre objectif est de nous qualifier pour les phases finales et pour la HCup la saison prochaine. Nous sommes pour l’instant 7ème. Rejoindre Toulouse (1er) et Clermont (2ème) semble compliqué, mais nous pouvons tout à fait prendre une des quatre places derrière. En ce sens, j’attends avec impatience le match face à Agen. Il marquera sans doute un tournant, et je suis sûr que les joueurs répondront présent.

Certains de vos joueurs ont pris le parti de s’exprimer anonymement dans la presse, remettant en cause le staff. Cela crée un  buzz autour du club. Comment réagissez-vous à celui-ci?

J. L. : D’abord, je regrette que des joueurs se comportent ainsi. S’il y en a, et je suis sûr qu’ils sont très peu nombreux, la porte des entraîneurs leur a toujours été ouverte, la mienne aussi d’ailleurs, et s’ils ont des griefs, ils sont les bienvenus pour venir les exprimer. Cependant, tout cela n’est pas si surprenant quand l’on considère que la période des transferts est sur le point de s’ouvrir. En coulisses tout le monde – clubs, agents, joueurs – s’agite. C’est de bonne guerre de vouloir nous déstabiliser pour espérer attirer nos joueurs vers d’autres clubs et empêcher ceux qui doivent venir de le faire.

Il y a quelques semaines, vous avez décidé de remercier Simon Mannix et de le remplacer par Gonzalo Quesada. Pensez-vous toujours que c’était la bonne décision? Certains supporters se sont émus de ce changement brutal…

J. L. : Je ne regrette pas cette décision; si c’était à refaire, je n’hésiterais pas. Elle était mûrement réfléchie, même si elle fût difficile à prendre. Cependant, Pierre et moi estimions qu’il fallait donner un nouveau souffle au groupe et passer à une nouvelle étape du projet sportif. Gonzalo prend encore ses marques, mais il a été parfaitement accueilli par les joueurs. Je suis sûr qu’il ne tardera pas à démontrer sa valeur et tout ce qu’il peut apporter à ce groupe.

Le club continue de grandir. Nouveau centre d’entraînement, nouvelle boutique, nouveau stade. Que répondez-vous à ceux qui trouvent que le Racing se disperse trop plutôt que de se concentrer sur le terrain?
J. L. : Ecoutez, depuis que je suis arrivé, ma bataille a toujours été de pérenniser le club pour le futur, tant sportivement que structurellement. Les projets que vous évoquez correspondent à cette volonté. Ce n’est pas une période difficile en terme de résultats qui me fera changer de cap. Au contraire, il faut regarder droit devant. En ce qui concerne le centre d’entraînement, les travaux avancent bien et il sera prêt pour la saison prochaine. La nouvelle boutique, avenue de Wagram, elle, a ouvert provisoirement pendant la période de Noël et rouvrira ensuite au mois de mars une fois les travaux terminés. Quant à l’Arena, nous avons obtenu le permis de construire et la première pierre ne devrait pas tarder à être posée, j’espère au deuxième trimestre 2012. D’ailleurs, nous sommes heureux car nous devrions accueillir les phases finales du Mondial de handball en 2017, dont la France vient d’obtenir l’organisation. En parallèle, nous développons notre politique de formation et avons pour ambition d’ouvrir une deuxième Ecole de Rugby au Plessis et de fidéliser avant la fin de l’année un partenariat avec celle de Nanterre. Je rappelle d’ailleurs que nous avons terminé le dernier match contre les London Irish avec six espoirs issus du centre de formation sur le terrain; nouvelle preuve que la formation est au centre de notre réflexion. Tous ses projets sont menés dans le but d’aider le Racing à grandir pleinement et sereinement, et servir ainsi ses résultats sportifs. C’est ma mission et je m’efforce de la remplir.

Dernière question: cette semaine, des membres du staff de l’équipe des Crusaders étaient en visite à La Croix de Berny. Qu’en est-il exactement?

J. L. : Comme vous le savez, lors de mon voyage en Nouvelle-Zélande pendant la Coupe du Monde, j’ai rencontré les dirigeants des Crusaders. Pas pour discuter d’un hypothétique transfert de Dan Carter comme j’ai pu le lire ici ou là, mais parce que de chaque côté existe une réelle volonté d’entamer un partenariat fructueux. La visite de membres de leur staff est la première résultante de ces échanges. L’année prochaine, des gens de chez nous feront le voyage inverse. Il est toujours intéressant de partager des connaissances et des expériences; surtout quand cela se fait avec une équipe aussi prestigieuse que celle-là. L’idée directrice d’un parteneriat tel que celui-ci est bien entendu de nous aider à progresser.

Bureau de Presse Racing-Metro92


Intérieur Racing-Metro 92 Paris: Simone Santa Maria

“Intérieur Racing” est une nouvelle rubrique sur le site officiel du Racing. Visant à vous faire découvrir de l’intérieur tout le travail effectué auprès du groupe professionnel, elle offre une tribune aux membres du staff sportif. Deuxième épisode épisode avec Simone Santa Maria, qui nous présente le Racing Lab.

Simone, vous êtes arrivés au Racing en même temps que Pierre Berbizier en 2007. Quelle est la mission qu’il vous a confiée?
Simone Santa Maria: L’idée de Pierre depuis le début – ça fait maintenant cinq saisons que nous sommes ensemble – était de créer un système avec lequel on peut confronter le sentiment que l’on a sur le terrain avec une analyse plus objective. Nous avons donc créé le Racing Lab qui nous permet d’étudier le haut niveau à travers les différentes compétitions afin d’évaluer le rugby d’aujourd’hui et son évolution.
Au départ, le projet avec pour objectif la montée en Top 14. C’est ce qu’on a appelé la mise en place. En 2009, nous sommes passés à l’action, en essayant de mettre en pratique tout ce que l’on avait observé sur le Top 14. Aujourd’hui nous en sommes à la troisième phase, l’optimisation.
Au début, on est parti plutôt sur l’évaluation des contextes, on découvrait tout. Pierre, lui-même, reprenait contact avec le rugby français, alors imagine moi! Je ne parlais pas français, et c’était dur. La première année, on a mis en place un projet global, très ambitieux. Très très fort comme expérience.
Après la montée en Top 14, on a commencé à se stabiliser, le socle construit était solide, stable. Alors, on a pu monter d’un cran de plus. Pompon (ndlr: Laurent Pompougnac) qui était déjà là, avait été rejoint par Yoann (ndlr: Laubé), puis Nico (ndlr: Nicolas Leroy) est arrivé, Flo (ndlr: Florent Agounine) ensuite.
Aujourd’hui, avec ce socle solide, on se penche de plus en plus vers l’extérieur, puisque’il faut être ouvert, et recueillir toutes les idées, comme une éponge.
Le but, en fait, est de toujours identifier où on est, où on veut aller et les moyens qu’on se donne pour le mettre en oeuvre. C’est ça, le Racing Lab.

Le Racing Lab a donc une double mission: aider le Racing à analyser ses matchs mais également analyser les tendances du rugby en général?

S.S.M.: Oui, en sachant qu’avec ça on anticipe pour aller vers le haut niveau. Pour moi c’est aussi une façon de participer à un projet club. Ce n’est plus seulement un projet d’équipe. Au départ, on est parti sur un projet centré sur les pros, mais aujourd’hui nous avons developpé un vrai projet de club qui englobe à la fois les pros et le centre de formation.

Est-ce qu’on peut dire que le jeu du Racing est élaboré au Racing Lab?

S.S.M.: Dans la mesure où tout le monde – staffs, joueurs, entraîneurs – participe au Racing Lab, on peut dire que certaines choses sortent d’ici. Mais en fait, on voit surtout la tendance vers laquelle on tend. Entre guillements, on “emmerde” les entraîneurs. L’idée est de confronter plusieurs options, plusieurs tendances, d’alimenterla discussion. Celle-ci a lieu avec les prépas, les entraîneurs et avec Pierre aussi. C’est le travail collectif et collaboratif qui fait la différence du Racing. Le Racing Lab est un moyen du club pour alimenter sa discusison et continuerà aller vers le plus haut niveau.

Tu diriges ce lab. Tu peux présenter tes comparses?

S.S.M.: Chacun a un peu sa spécialité. Yoann, qui est passé depuis deux ans sur les pros, est sur l’analyse globale – de nous mêmes ou l’adversaire. Il s’occupe ainsi de la dimension tactique du jeu.
Pompon, lui, est le gars qu’on dit “de la vidéo”, parce que c’est lui qui filme avec les deux caméras superposées, une sur le ballon et une sur l’espace. Lui, pour moi, c’est un peu l’aspect “vintage” dans notre équipe parce qu’il était déjà quand je suis arrivé. Et puis c’est un maniaque, super professionnel, à vérifier 4 fois les caméras avant d’aller filmer.Il est vraiment dans l’exigence, ce qui est indispensable pour le haut niveau. Ensuite, il s’occupe des statistiques avec la caméra plan serré, c’est à dire plus centrées sur l’efficacité du joueur.
Après, il y a Flo, qui gère le repérage de données, l’analyse de ces données et du centre de formation.
Avant, on travaillait aussi avec Nico qui etait un peu le fou du truc. Il avait toujours plein d’idées et il fallait souvent le ramener à l’essentiel mais il nous a permis d’évoluer. En fait, chacun de nous a amené ses idées, un petit logiciel. C’est pour ça qu’on a créé notre propre logiciel. On ne veut pas s’enfermer dans un outil qui ne nous permettrait pas d’évoluer aussi vite que le rugby d’aujourd’hui.

Justement, pouvez-vous nous parler de vos outils de travail?

S.S.M.: D’habitude, les outils d’analyse vidéo sont très fermés. Il n’y pas de possibilités d’en sortir. C’est pour ça que nous travaillons avec différents outils, et on essaye de synchroniser tous ces outils pour déterminer le jeu qu’on voudrait.
On travaille sur différents domaines. La statistique pure et simple, on la voit plutôt sur le long terme, plutôt que sur l’immédiat. En revanche, dans l’instantané, il y a un croisement de données sur les aspects technique, tactique et physique. Tout cela pour alimenter la discussion dont je parlais plus tôt.
Nous, on est pas le savoir, on se donne juste les moyens de recueillir le max d’infos, de les traiter et de lancer une discussion. C’est avec ça qu’on évolue, qu’on ne s’enferme pas dans un domaine. D’où notre idée de créer un logiciel très ouvert pour alimenter cette discussion et pas s’enfermer dans quoique ce soit.

Quelle est la part dans le rugby d’analyse et la part d’improvisation?

S.S.M.: Ce sont toujours les deux en même temps. Si on dit à un joueur de ne faire qu’une chose, en l’enfermant dans des idées et que finalement ce qui était prévu ne se passe pas sur le terrain, il va être perdu. Il faut plutôt déterminer une stratégie de jeu en fonction de l’adversaire et des joueurs choisis, définir un cadre et les laisser ensuite s’exprimer dedans. Après c’est l’adaptation du joueur et ses initiatives qui font la différence.
D’ailleurs, le joueur fait partie intégrante de toutes nos réflexions. De notre côté, nous filtrons le maximum de données pour l’aider le joueur à aller à l’essentiel et eux collaborent pour faire évoluer ce système. Faire participer le joueur au projet, c’est proactif. Si on est proactif, on ne réagit pas aux sitations mais on a l’initiative et c’est là que le joueur, dans le cadre qu’on détermine, fait ce qu’il veut sur le terrain. Et comme c’est souvent l’équipe qui a l’initiative qui gagne les matchs…